Arrêter de se battre contre tout.
We can’t fight every battle.
Promis, je ne me suis pas (encore) mise à écrire ces newsletter en anglais ! Mais cette phrase, entendue au détour d’un épisode du Morning Show (très bonne série sur Apple TV + d’ailleurs) tourne dans mon esprit depuis quelques jours et fait écho aux dernières semaines qui viennent de passer.
Il y a plusieurs façons de la traduire, la traduction officielle est d’ailleurs « on ne peut pas mener toutes les batailles ».
Je pense que la façon dont elle a raisonné en moi (de façon tout à fait subjective) est « parfois, rien ne sert d’être sur tous les fronts » ou « certaines batailles ne valent pas la peine d’être menées » ou encore « il faut savoir abandonner certains combats » plutôt que « on ne peut pas …».
Je sais que ça va vous paraître contradictoire avec ce que j’ai l’habitude de prôner. Et pour cause, je suis convaincue qu’on PEUT être sur tous les fronts.
Seulement pendant une période limitée ou pour un objectif précis.
Au delà, c’est le chaos assuré.
Parce que le résultat, quand on ne sait pas s’arrêter à temps, tu le connais (et le vis peut être) ce n’est autre qu’un burn out : pro ou perso, un épuisement total, une blessure, une énorme grippe qui te cloue au lit, un « insérer ici le dernier truc qui t’as obligé à arrêter ta course folle ».
Mais, en même temps, je comprends l’urgence qui mène au dépassement de soi:
Entre
les réels qui te font culpabiliser de ne pas être millionnaire à 25 ans et demi alors que ton cerveau n’est même pas encore complètement à maturité
Les publications qui te rappellent que tu ne sais pas encore tout à fait manager ton argent et que t’es pas multipropriétaire à 32 ans trois quart et que tu ne vis pas la moitié de l’année aux Maldives en manageant tes « assets »
Les bienpensants qui partagent ce qu’ils pensent de tout et condamnent tous ceux qui ne pensent pas comme eux
L’entourage qui ne rate pas une occasion de te rappeler les cases que tu n’as pas encore coché
Bref, là encore, t’as compris.
Toi, tu te démènes déjà à exister tant bien que mal dans ta fratrie, dans ta famille, dans ton quartier ou dans ta boite sans qu’en plus, tu ne doives entrer en concurrence avec la moitié des internets.
Si les quelques lignes que tu viens de lire t’ont fait monter de l’anxiété, s’il te plait, prend une bonne respiration et SOUFFLE avant de reprendre la lecture.
Où que tu sois dans ta vie en lisant ces mots :
En sortant tout juste de tes études
En pleine reconversion
Perdu.e dans tes projets
Juste après une déception amicale ou amoureuse
En train de te relever d’un deuil
À vivre ton quotidien comme si tu avais l’impression de ne pas vraiment avoir d’emprise sur les jours qui passent
Dépassé.e par les deadlines qui s’accumulent
Tu n’es pas en retard, tu n’es pas moins bien que les autres, tu vaux quelque chose, ton existence suffit, tu ne dois pas justifier d’être perfeormant.e à tous les moments de ton existence, tous tes ressentis sont valides, tu as le droit à l’erreur, tu peux encore prendre ton temps, tu as le droit d’être heureux maintenant. Pas demain quand tu auras fait ceci ou cela mais tu as aussi le droit de l’être aujourd’hui, maintenant à cet instant précis.
Et tu veux que je te confies quelque chose d’autre ?
Ce que j’écris, je te le transmets à toi qui me lit, mais peut être que je me l’écris aussi un peu pour moi.
Mon père dit toujours qu’on ne peut jamais lutter contre le temps qui passe, personne n’a réussi et personne n’y arrivera jamais. Tu peux rire, pleurer, travailler, courir ou marcher le temps, lui, finira toujours par passer de la même façon. Notre perception de ce dernier change peut-être mais une minute durera toujours 60 secondes. L’accepter c’est aussi se retirer un poids des épaules. On ne contrôle pas le temps qui passe mais ce qu’on en fait. Et ce qu’on en fait, on le décide aussi.
Je me vois lui dire au moins un milliers de fois « bah non papa on décide pas toujours de ce qu’on y fait. On a des obligations, on a le travail, on a… » Et lui de poser sur moi son regard de philosophe intransigent qui veut dire « réfléchit encore un peu, tu sais que ce que je viens de te dire est un peu plus complexe que ça ».
Je vous écrirai un jour sur les leçons de vie de mon père mais c’est une newsletter à elle seule…
Il ne s’agit pas ici de vous pousser à vous extraire de toutes les obligations ou responsabilités en allant élever des chèvres au Pérou (qui, on sera d’accord ne représente pas une vie dénuée d’obligations non plus hein!)
Non, comme souvent, j’aimerais qu’on change de perspective ensemble avec le concept suivant « On agit en fait toujours dans ses propres limites ».
Mais comment s’arrêter quand on ne sait plus très bien les définir, ces limites ?
Et puis, pourquoi en définir ?
Etre limité, on est d’accord, ce n’est quand même pas la qualité du siècle ?
Et si, en fait ça l’était ?
Les personnes porteuses d’un handicap, physique ou mental sont de fait « limitées » dans l’atteinte de performances physiques ou cognitives et ce, de façon objective, quand on les compare avec des personnes valides (ne vient pas me chercher avec des exceptions, celles-ci confirmeraient juste la règle).
Quand on apprécie les performances de nos pairs porteurs d’un handicap, on le fera souvent de façon méliorative en appréciant ce qu’ils/elles arrivent à accomplir, MALGRÉ la limite.
Mais les amis.
Les personnes valides ne sont pas sans limites.
Ta journée ne fait que 24h.
Ton cerveau ne peut pas être toujours en activité.
Ton corps ne peut pas rester éveiller trop longtemps.
Tes forces physiques sont conditionnées à ce que tu manges ou bois.
Ta concentration est limitée
Ta patience aussi.
Pourquoi est-on tous en train de se mouvoir dans la vie comme si nos réservoirs physiques et émotionnels étaient sans limites ? Pourquoi a-t-on besoin qu’on nous arrête physiquement pour sentir qu’on a, enfin et aussi, le droit de se dire enfin stop ?
Vous le savez, si vous me suivez sur instagram, j’ai pour habitude de vous embarquer avec moi au quotidien et à partager de façon quotidienne et assez instantanée ce qu’il se passe autour et à l’intérieur de moi.
Et j’ai eu eu un trop plein.
Après mon opération le mois dernier et alors que j’étais dans un rythme de boulot effréné, que je sentais que je maîtrisais enfin mon quotidien, que j’étais forte et présente physiquement pour mes enfants, tout s’est arrêté d’un coup.
Ma convalescence m’a forcé, malgré moi, à tout arrêter.
Et, je peux être honnête avec vous deux secondes ? Je ne l’ai pas du tout supporté.
Alors, je me suis littéralement recroquevillée dans ma coquille (comprendre sur mon canapé à regarder toutes les séries qui étaient sur ma « to Watch liste »). Et j’ai du accepter de laisser le temps faire son affaire. Tout ça après être partie 5 jours en Tunisie pour, littéralement, reprendre mon souffle et cesser de me dissocier de mon quotidien que je n’arrivais plus à maitriser physiquement.
Tu te souviens ce que j’écrivais plus haut ? Tu ne peux rien faire contre le temps qui passe. Tu peux taper du poing, vouloir aller plus vite ou le ralentir, il ne te donnera pas l’heure. (see what I did here ?)
Alors j’ai abdiqué, malgré moi, et pendant que le temps passait tranquillement, je me suis naturellement reconnectée à ce qui se passait autour de moi.
Et vous savez ce qu’il y a autour de moi ?
Mes deux petits (qui paraissent pourtant si grands) enfants. Entre autres!
Ces dernières semaines ont d’ailleurs été d’une banalité sans nom :
les lever le matin
les entendre m’appeler 3000 fois pour qu’ils finissent par oublier ce qu’ils ont à me dire,
changer des couches,
leur préparer des repas qu’ils refuseront de manger,
leur répéter 100 fois d’aller brosser leurs dents,
commencer un paragraphe argumenté sur l’hygiène et la nécessité d’être propre pour finir de leur dire « tu vas à la douche parce que c’est moi qui décide ici point final »,
danser,
rire beaucoup,
crier un peu aussi, parce que je suis humaine,
vouloir dormir le matin et tenter de les ignorer sans succès,
essayer de ne pas m’énerver quand ils ruinent mes meubles en se découvrant une âme d’artistes,
dessiner 100 fois un ballon et entendre Leyel s’exclamer à chaque fois « waaaaaou un ballon »
essayer de les laisser gérer leurs désaccords seuls et finir par séparer les 30 bagarres par jour. Et puis ..
me rendre compte qu’on était simplement en train de vivre dans nos propres limites. Ce quotidien d’une banalité sans nom comportant un nombre incalculables de challenges pour ma patience n’est qu’un moment dans la vie où on doit les accompagner à grandir malgré leurs limites apparentes.
Et vous le vivez ou le lisez ici. On l’accepte. Leurs limites, physiques, émotionnelles, intellectuelles, sont claires et admises. Alors on les accompagne, du mieux qu’on peut. On les couche quand ils hurlent parce qu’on sait que c’est la fatigue qui parle. On les câline quand ils sont en colère parce qu’on sait qu’ils n’arrivent pas encore à exprimer leurs émotions correctement ou leurs besoins. On les protège d’une chute certaine quand on les voit vouloir défier les lois de la gravité sur le canapé.
On agit dans leurs limites. Pour leur bien.
Mais qui le fait pour nous?
Oui, tu l’as dans le mille, personne.
Du coup qu’est ce qu'on a tendance à faire naturellement ?
On supprime de nos esprits l’idée que la limite existe.
Et on passe son temps à se “dépasser” pour tout, tout le temps.
Tu comprendras ici que je suis loin de dire qu’il faut qu’on devienne des êtres oisifs qui ne se dépassent jamais.
Mais je pense que beaucoup ne connaissent pas vraiment leurs limites physiques, émotionnelles, psychiques. Ce qui nous pousse en fait, à être toujours dans un état d’excès et de performance contre productive.
A quel moment je m’arrête ?
A quel moment je dis non ?
A quel moment je dis stop ?
A quel moment je sais que c’est “trop”?
A quel moment je sais que je dois arrêter avant qu’on ne s’arrête pour moi ?
Avant de tomber dans le burn out ?
Avant qu’on me fasse du mal ?
Avant que je me blesse ?
Avant que je ne tombe malade ?
Avant que .. “insérer ici le dernier truc qui t’es arrivé et qui t’as forcé à t’arrêter et à regarder en toi ce qui ne pouvait plus continuer”.
ça te rappelle quelque chose ?
A moi aussi, ne t’en fais pas.
Je ne sais pas très bien expliquer ou savoir quand la bascule a lieu dans la vie. Est ce qu’elle intervient quand on commence à nous noter à l’école? Quand on commence à pratiquer un sport ? Quand les interactions sociales deviennent plus complexes ? Quand nos caractères s’affirment et qu’on cesse d’être mignons pour tout le monde ou encore quand on nous nie le droit à l’erreur parce que c’est bon, on est plus des enfants.
Oui d’accord, mais en attendant je ne connais aucun adulte qui n’a jamais failli !
Avant d’aller trop loin, il est peut être temps que je conclue cet article avec quelques pistes non ? et que je te laisse vaquer à la préparation de ton weekend que j’espère, le plus doux possible!
1. Apprendre ou réapprendre quelles sont tes limites
Et c’est peut être là la chose la plus simple et la plus complexe en même temps. Alors je te conseille de procéder comme suit.
D’abord commence par tes limites physiques. Tu sais à peu près ce que tu es capable de supporter physiquement en terme de
- charge physique
- manque de sommeil
- tâches manuelles à faire
Mais de l’avoir écrit quelque part te forcera à faire un check régulier pour savoir quand tu dois t’arrêter avant que ton corps ne t’arrête et donc à prendre des jours/matinée que sais-je de repos avant de devoir rester cloué.e au lit une semaine sous grippe et de retourner à ton rythme dès que tu te sens mieux. Tu ne fais que retarder la prochaine crise.
Rappelle toi, on se repose quand il nous reste encore un peu d’énergie. Sinon on est juste dans la survie.
Abandonner certaines tâches, batailles momentanément pour continuer de te préserver.
La seconde étape et finalement ce qui rejoint tout ce qu’on a abordé aujourd’hui ici c’est de cesser de tout vouloir mener de front.
Même quand tu sais que tu as raison ou que tu vas y arriver en poussant un peu sur tes réserves.
Souviens toi.
Le temps fait son affaire.
Certaines choses, quand elles sont délaissées, finissent par se résoudre seules ou par devenir moins complexes. (n’as tu jamais eu la solution a une équation en épiphanie en mangeant ton plat de pâtes alors que tu avais passé 30 minutes à la tordre dans tous les sens ?).
Dans la vie c’est pareil.
Mais la culture de l’immédiateté et le fait de vouloir toujours avoir raison nous pousse à toujours agir tout de suite et maintenant.
Tout ce qui ne relève pas d’une urgence vitale peut attendre 5 minutes, une heure ou une journée, le temps de voir les choses d’un autre angle ou de les laisser se calmer.
Et si, tout simplement, on essayait ?
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Merci pour ta lecture bienveillante.
Comme toujours, ton ressenti, ton passage préféré et ton feedback sont plus que les bienvenus ! N’hésite surtout pas à me les partager, j’ai hâte d’échanger avec toi.
D’ailleurs, si les sujets évoqués ici éveillent en toi des blocages que tu aimerais explorer et lever, je t’invite à booker un appel découverte gratuit dans le cadre de l’accompagnement Brille que j’ai créé.
Tu peux aussi me contacter en DM sur Instagram.
Et pour ma communauté Instagram que j’ai délaissé depuis quelques semaines, je vous remercie profondément pour les messages reçus me demandant des nouvelles.
Je vais bien, enfin beaucoup mieux et je pense fort à vous et je suis contente de vous retrouver très bientôt!
Prenez soin de vos coeurs,
Jihed